Mbouamassok Ma Batallong : Vos responsabilités devant l'histoire


.

4Monsieur le Président et cher cohéritier,

La vie d'un homme autant que d'un pays est intégrée dans un espace qui compte trois étapes majeures : le passé, le présent et l'avenir. C'est une vérité éternelle.


 

Si le passé, c'est-à-dire l'histoire, est très significatif ici, c'est parce que cette étape de la vie est fondamentalement incrustée dans les deux autres et les influence. Tel et si bien que sans bien comprendre et assumer ce passé, il devient très difficile pour ne pas dire plus, de maîtriser le présent et encore moins de se projeter de manière rassurante vers ce demain naturellement incertain.

Le passé de notre cher héritage commun à savoir le Cameroun est, à l'instar des passés de toutes les communautés humaines, fait de hauts et de bas. Il se trouve que dans une large mesure, les Peuples titubent au présent et s'effondrent à l'avenir, tâtonnent aujourd'hui et se perdent absolument demain, qui n'assument pas toute leur histoire, tout leur passé aussi bien dans ses moments d'honneur que dans ceux différents. Et ici, le rôle de l'Etat et de son principal animateur du moment est si prépondérant que c'est à eux que, le moment venu, l'histoire demande les comptes.

Il y a plus d'un fait qui invite le Peuple Camerounais à se réconcilier ici et maintenant, avec lui-même et avec son histoire pour être apte à construire sur du solide. Nous évoquons ici les plus significatifs à notre sens : 

            - Dans une certaine mesure, du 1er au 13 septembre 2008 l'histoire vient de célébrer le Cinquante-

naire de l'assassinat du principal leader de la lutte de libération nationale et de la réunification " des " Camerouns d'avant 1960, nous nommons le héros et martyr Um Nyobe de glorieuse mémoire ;

- Le 3 Novembre 2008, nous ne serons plus qu'à deux ans du Cinquantenaire de l'assassinat du héros et martyr Moumié Moumié Mekou et à 15 mois de celui de l'indépendance du Cameroun notre héritage commun ;

 - Le 30 novembre 2008, dix neuf ans se seront passés que le tout premier Président du Cameroun mort et enterré au Sénégal attend encore, avec d'autres Camerounais restés équilibrés, que soit mis un terme à son exil aujourd'hui devenu intolérable.

Monsieur le Président et cher cohéritier,

Avec force et patriotisme, nous affirmons ici que la gestion inconséquente de notre histoire partagée ne peut que continuer à être préjudiciable à toute notre communauté. Elle constitue un handicap réel à la cohésion et à une réelle unité nationales. C'est pour cela que le PSLD, ce mouvement de libération nationale du Cameroun de ce vicieux système néocolonial pense et soutient que l'échéance doit cesser d'être reculée, qui favorise la réconciliation de notre Peuple aussi bien avec lui-même qu'avec son histoire globale.

Pour le faciliter nous soulignons à doubles traits sous forme de recommandations politiques formelles :

1. Que c'est ici et c'est maintenant, ce dans le but de favoriser une bonne lecture de cette période encore floue de notre histoire, que l'Etat du Cameroun doit exiger et obtenir de la France et de l'Angleterre que soient ouvertes les archives en relation avec leur administration du Cameroun notre pays ;

2. Que l'Etat du Cameroun, en collaboration surtout avec cette France-des-gouvernants néocolonialiste rende claire l'histoire relative à la gestion de notre pays de 1960 à 1985 ;

3. Que l'Etat du Cameroun initie et organise, en collaboration avec les familles et pas l'inverse (voir loi n°91/022 du 16-12-1991), le rapatriement des restes des patriotes Moumié, Kingué et d'autres s'il y a lieu, en tant que leaders nationalistes tombés au champ de bataille pour un Cameroun libre, indépendant et prospère d'une part ; qu'il soit d'autre part à cette occasion, organisés pour tous les combattants de la lutte concernée, des obsèques à la dimension du sacrifice par eux consenti et qu'enfin l'Etat élève les plus méritants à l'échelle de héros et martyrs et édifie une place d'honneur et de dignité en leur mémoire ;

4. Que l'Etat du Cameroun initie et organise, en collaboration avec la famille et pas l'inverse (voir loi n°91/022 du 16-12-1991), le rapatriement des restes du citoyen Ahmadou Ahidjo en tant que premier Président du Cameroun, et que soit organisé à cette occasion un deuil national de trois jours.

Monsieur le Président de la République et cher cohéritier,

Le nationaliste Um Nyobe soutenait à juste titre que chacun de nous avait des responsabilités devant l'histoire. Il ne servira à rien d'autre ici qu'à retarder encore maladroitement l'échéance certainement à venir, que de ne pas prendre, ici et maintenant, la décision politique attendue. Et la fuite en avant ici n'est favorable ni au régime actuel, ni à votre gouvernement, ni à vous-mêmes. Nous vous suggérons donc d'avoir tout le courage et toute la volonté politiques nécessaires sans que ceci ne relève de telle pression que ce soit, neutralisant toutes les pesanteurs négatives, de faire réaliser patriotiquement les initiatives ci-dessus avant le Cinquantenaire de l'indépendance du Cameroun en 2010. Ceci vous honore à coup sûr et ne le perdez pas de vue.

Car ce pouvoir que vous détenez encore et la force qu'il véhicule ne servent qu'à nuire s'ils ne favorisent pas à asseoir la paix dans les cœurs et les esprits du Peuple au service duquel ils doivent être mis. Ce pouvoir n'est que barbare, dont l'usage vise à déshonorer et à humilier qu'à établir  le Peuple dans sa dignité et son honneur.

Dans cette attente, croyez Monsieur le Président, à notre considération et à notre détermination patriotique à œuvrer pour que soient prises en compte les suggestions que véhicule la présente communication.

Que la solidarité de tous soit la garantie de la sécurité de chacun

Très sincèrement,

Très patriotiquement.

202 Vues

commentaires