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L'entrée à la police fait un mort et 50 blessés
Concours :
Les bousculades sont à l'origine du drame qui s'est produit hier à l'Ecole de police.
Patricia Ngo Ngouem
Impossible de circuler sur la route menant à l'Ecole nationale supérieure de police sise au quartier Ekoudou à Yaoundé en ce lundi 29 décembre. Une voiture de la police stationnée sur la chaussée, en empêche l'accès à tous les automobilistes. La banque Uba a dû fermer, de peur de voir ses locaux saccagés par la masse. Une foule compacte, constituée de jeunes gens - un millier environ - obstrue la chaussée. Il s'agit notamment de candidats venus remplir les formalités d'inscription en vue de passer le concours de la police récemment lancé par la Sûreté nationale. Agglutinés devant le grand portail bleu, certains postulants guettent désespérément l'ouverture des portes. D'autres, exténués, n'ont trouvé mieux que de s'asseoir à même le sol, soit pour piquer un petit somme, reposer les jambes endolories par une longue attente debout, ou se remplir le ventre. Tandis que d'autres en profitent pour faire la causette, histoire de tuer le temps.
Toutes les conversations ou presque tournent ainsi autour du "drame" qui s'est produit plus tôt dans la matinée. Et qui a officiellement fait un mort, Wirbo Elvis Berenuy, et 45 blessés, d'après le communiqué rendu public hier par le Délégué général à la sûreté nationale (Dgsn) Edgar Alain Mebe Ngo'o, descendu à l'Hôpital central de Yaoundé (Hcy) où ont été conduits les victimes. Profitant par là pour adresser ses condoléances et celles du gouvernement à la "famille éprouvée". Un bilan qui semble avoir été revu à 50 blessés à la lecture de "la liste des victimes de l'accident qui s'est produit ce matin à l'Ecole de police" affichée à l'entrée du service des urgences de l'Hcy à Messa, soit cinq de plus que ceux annoncés précédemment par le Dgsn. "Nous attendions tous devant le portail. Lorsque le portail a été ouvert, tout le monde a voulu se ruer à l'intérieur. Les policiers ont voulu refermer le portail, mais la pression était trop forte. Il y a eu des bousculades, les gens sont tombés et ont été piétinés. C'est ça qui a causé le drame", raconte Mohamadou. "Il y avait des blessés et des gens évanouis partout. Les policiers ont déchargé certains taxis pour les évacuer à l'hôpital. L'ambulance des sapeurs-pompiers est arrivée un peu plus tard. C'était vraiment la panique", renchérit Martine Mendouga, venue retirer la fiche de versement des frais de concours. Ajoutant que : "Certains en ont profité pour fouiller les poches avant d'être interpellés par la police"
Mort
Aux urgences de l'Hcy, les blessés sont, "tous pris en charge par le gouvernement", selon le communiqué du Dgsn, on apprend du chef de service des urgences, le Dr Etoundi Mballa, que plusieurs souffrent de contusions, de fractures ou de chocs émotionnels. Si certains ont pu sortir hier, ceux dont l'état de santé est jugé préoccupant - une dizaine- restent en observation, parmi lesquels "quatre cas de traumatisme crânien et un cas de fracture du fémur" précise les sources hospitalières. Assis ou couchés sur des civières, des lits ou des bancs, les vêtements poussiereux ou tâchés de sang, les "accidentés" semblent encore être en état de choc. Si c'est derniers peuvent se réjouir de s'en tirer vivants, ce n'est pas le cas du frère aîné de Wirbo Elvis Berenuy, le jeune étudiant en Master II en histoire à l'université de Yaoundé I, âgé de 24 ans, qui a trouvé la mort dans "cet incident malheureux" tel que qualifié par le Dgsn.
"Maffia"
"On m'a appelé pour me dire que mon frère a eu un accident. Je suis arrivé à l'hôpital et j'ai trouvé qu'il est mort", lâche dans un souffle Wirbo Humphrey, la mine assombrie par la douleur. "Le corps ne pourra être rendu à la famille qu'après l'autopsie", affirme le Dr Etoundi Mballa. "On a frôlé la mort !", laisse tomber Constant Tsague Metampa, assis sur une chaise roulante, avant d'être pris d'un rire convulsif. "J'ai vu des gens tombés sous l'effet de la bousculade et être piétinés. Moi aussi je l'ai été. Je m'en tire d'ailleurs avec une fracture au genou. Je dois faire la radio", avance cet étudiant. Un autre, le visage marqué par la douleur, claudique jusqu'à l'une des salles de soins, soutenu par un vigile et une infirmière. Même si nombreux sont ceux qui disent avoir perdu leurs frais d'inscription ou leurs dossiers de candidature dans la mêlée, notamment les diplômes, tous remercient le ciel d'être encore en vie.
Les familles, alertées, ont aussitôt rejoint à l'hôpital. Un vigile, indifférent aux supplications et autres menaces proférées par les proches des victimes, leur interdit toutefois l'accès. "On ne nous laisse pas entrer. On ne sait pas comment vont nos enfants", s'écrient plusieurs mères, dont la mère de Raymond Bitjick, âgé de 20 ans. Certains sortent leurs téléphones pour joindre leur fils ou fille. Soulagement quand la victime répond au téléphone, angoisse quand la ligne sonne dans le vide. L'anxiété se lit sur les visages et certains ne peuvent refouler leurs larmes.
Depuis le lancement du concours direct pour le recrutement dans la police d'élèves commissaires, officiers, inspecteurs et gardiens de la paix - concours réservés aux jeunes gens des deux sexes de nationalité camerounaise âgés entre 17 et 27 ans, les concours spéciaux étant destinés aux fonctionnaires en activités - élèves, étudiants et personnes sans emploi se bousculent devant les portes de l'Ecole de police. Certains sont là pour déposer leurs dossiers, d'autres pour retirer les fiches de versement ou payer leurs frais de concours (10.000 Fcfa pour les inspecteurs et les gardiens de la paix et 15.000 Fcfa pour les commissaires et les officiers).
Un policier en fonction à l'entrée de l'école ordonne aux jeunes de reformer des rangs. "Dégagez ! Ne bouchez pas l'entrée", s'époumone un autre devant le portail central. Face à la réticence de certains postulants, des policiers casqués font semblant de se servir de leur matraque. Devant le bâton noir, les candidats reculent précipitamment. Manquant de se marcher dessus. "Le matin, l'une des files arrivait jusqu'à l'échangeur simplifié", soutient Désiré Many, sans emploi, venu tenter sa chance comme les autres. "Mon dossier est complet, je dois juste retirer la fiche. Cela fait plus d'une semaine que je suis là", affirme Martine Mendouga. Comme cette dernière, plusieurs candidats hantent ces lieux depuis des jours, voire des semaines, dans l'espoir de retirer ladite fiche. Certains, découragés, ont fini par jeter l'éponge. Lorsque les rangs se forment à nouveau, on apprend que les fiches sont finies. "Que chaque candidat prenne un format A4 et y inscrive son nom, son prénom, le concours sollicité et le montant des frais d'inscription", hurle un policier en équilibre sur un tabouret, essayant de couvrir le bruit des voix. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les candidats sortent papier et stylo pour marquer lesdites indications. Ceux qui ne disposent pas de papier de format A4 vont en acheter auprès du vendeur ambulant.. La grogne monte dans les rangs, les candidats imputant cette "pénurie de fiches" à la "maffia" créée par les hommes en tenue.
Arnaque
"Les policiers nous vendent les fiches de la banque alors que celles-ci sont gratuites. Or sans fiche, impossible de payer les frais de concours et ils le savent", tempête Maxime Olivier, étudiant à l'université de Yaoundé I. Plusieurs candidats se disent également victimes de "l'arnaque" organisée par les policiers. "J'ai dû donner 2.000 Fcfa pour avoir cette fiche. C'est un business qui se passe sous le manteau", ajoute ce dernier. Florent. Il a cependant réussi à se procurer ladite fiche sans avoir eu à soudoyé les policiers. "Je suis allé directement à la Bicec retirer la fiche”. Une joie de courte durée hélas ! "Le problème, c'est que la fiche est remise en même temps que le coupon sur lequel est écrit le numéro de passage à la banque. Or, il me faut également ce coupon". Lequel est vendu "illégalement à 5.000 Fcfa".
"Nous avons pris des dispositions pour identifier et interpeller les auteurs de ces réseaux" a déclaré le Dgsn Edgar Alain Mebe Ngo'o sur les ondes de la Crtv. Suite à l'incident d'hier, ce dernier a décidé de repousser le délai de dépôt des dossiers initialement prévu le 2 janvier, au vendredi 16 janvier 2009 pour les élèves commissaires et officiers de police et au vendredi 30 janvier 2009 pour les élèves inspecteurs et les élèves gardiens de la paix, afin de "permettre au maximum de candidats de poursuivre les formalités d'inscription". Une nouvelle accueillie comme une bouffée d'air par les candidats qui mettent aussi à profit ce temps pour compléter la constitution de leur dossier par des attestations de réussite aux examens nationaux auprès des ministres compétents où, au vu des files des postulants, ce n'est non plus une partie de plaisir.
Mais qu'est-ce qui explique cette ruée de jeunes Camerounais vers ce concours de la police ? A cette question, les réponses sont unanimes : "C'est pour le matricule !". Autant dire que ces jeunes, en proie à la précarité du marché de l'emploi, disent vouloir intégrer le corps de la police, "faute de mieux". Pour certains même, il est plus que primordial de tenter le coup, surtout "qu'une occasion pareille ne se représentera pas de si tôt". Cependant, il ne suffit pas de déposer un dossier pour avoir accès à la police. Certains sont car jugés incomplets - reste à être retenu après les épreuves écrites et orales. Et ce, dans la limite des places requises : 40 pour les commissaires, 100 pour les élèves officiers, 300 pour les inspecteurs et 1.200 pour les gardiens de la paix. Ce qui n'est pas gagné d'avance.
Liste des victimes
Mort
Wirbo Elvis Berenuy, 24 ans
Blessés
Abada Virginie, 22 ans
Melingui Martin Georges, 19 ans
Safeuda Roger, 45 ans
Assiga Jean-Roger, 20 ans
Bilong Nguidjol, 24 ans
Beyeme Augustin, 20 ans
Enama Nanga, 25 ans
Toche Narcisse, 26 ans
Ayomba Tsassa, 23 ans
Bitjick Raymond, 20 ans
Bessonge, 23 ans
Ngo Koso Charles, 21 ans
Ngassa Nana Edmond, 22 ans
Biloa Nkala Alphonsine, 21 ans
Tsekane Arebama, 21 ans
Fotsing Claude Benjamin, 31 ans
Ntcham 22 ans
Effemba Ebale Stève Fabrice ; 24 ans
Donche Sylviane, 18 ans
Adjidja Bessa, 21 ans
Ndigui Félix, 22 ans
Enyegue Bienvenu, 24 ans
Ngompe Tango Gaétan, 21 ans
Zangue Nelly, 20 ans
Alobwede Oscar, 20 ans
Bandolo Ombwa, 18 ans
Abolo Assogolo, 18 ans
Manga Stéphanie, 26 ans
Zibi Awomo Rodrigue, 20 ans
Youssouf Njikam, 24 ans
Nga Germaine, 21 ANS
Essola Dang Charmant, 23 ans
Bella Nkoa Léa, 22 ans
Tsague Metampa Constant, 27 ans
Elie Georges, 25 ans
Ngono Marie, 25 ans
Minkeng Simon, 19 ans
Tchouem Monto, 18 ans
Domte Mireille, 21 ans
Nkolo Antoinette
Fouda Doris, 26 ans
Minsili Marcellin, 23 ans
Mekontchou Fotso, 21 ans
Azang Bargo, 23 ans
Madame X
Djoyo, 25 ans
Ngum Lesley Ngom, 18 ans
Promise Dorise, 24 ans
Asse Nomo Mireille, 20 ans
Semenga Ngoumou Gilbertine, 19 ans
Bikono Samba Gallus Fridolin, 21 ans