Le meurtrier de l'inspecteur de police Hervé Mapouro a été sanctionné par le tribunal militaire de Yaoundé.
Dans l'affaire du meurtre de l'inspecteur de police Hervé Michel Mapouro, le tribunal militaire de Yaoundé a condamné le chef d'escadron de gendarmerie Emile Joël Bamkoui à 18 mois de prison ferme lors de son audience d'hier 5 mai 2009. Un mandat d'incarcération a été délivré à la même occasion, contre le gendarme qui est reparti en toute hâte vers une destination inconnue après que ses avocats ont déclaré qu'ils allaient interjeter appel contre cette décision qui marque un épilogue momentané dans cette affaire qui a largement alimenté la chronique mondaine.
La famille du défunt a également choisi de réclamer du juge d'appel qu'il réexamine cette affaire que ses avocats ont qualifié d'assassinat. Ce que le juge du tribunal militaire de Yaoundé n'a pas accepté, mettant d'ailleurs une partie de la responsabilité sur l'imprudence de la victime Hervé Mapouro, d'où que les juges ont alloué 21,4 millions de Fcfa de dommages intérêts là où la partie civile réclamait 746 millions de Fcfa pour réparer des torts causés au cœur d'une nuit terrible de novembre 2008 à Douala.
Le 13 de ce mois-là en effet, Hervé Mapouro était victime de balles tirées au domicile des Bamkoui par le gendarme. La maîtresse de maison, Danielle Bamkoui, est une collègue de la victime. Les deux seraient des amants. En somme, c'est le résumé que l'on peut faire de ce meurtre dont on ne connaîtra pas pour le moment une version issue de témoignages différents. En plaidant coupable, Emile Bamkoui a en effet raccourci la procédure et les quinze témoins convoqués lors de l'ouverture du procès le 12 février dernier n'ont plus été, dès lors, appelés à éclairer le jugement du tribunal.
Lors de son audition devant les trois juges, le gendarme condamné avait en effet déclaré : " Je n'avais pas l'intention de lui donner la mort. Si j'ai tiré c'est parce qu'il s'est montré agressif. Tout le monde aujourd'hui parle de Bamkoui comme si j'étais un meurtrier. Si j'avais voulu le tuer, pourquoi l'ai-je laissé sortir ? Dehors, d'ailleurs, un seul coup de pied aurait suffi, je suis ceinture noire et deuxième dan au karaté. Je sais où frapper pour tuer. "
Mutengene
"J'ai trouvé mon épouse dans le lit avec un monsieur, avait-il encore dit. Ils étaient endormis. J'ai allumé. J'étais tétanisé. C'est lui qui s'est éveillé le premier. Il m'a dit qu'il était un commerçant venant de Yaoundé ce qui m'a paru vrai au regard des cartons de whiskies entreposés là. Il s'est assis au bord du lit. Il avait un haut jaune et pas de culotte. Je lui ai demandé ce qu'il faisait dans le lit avec mon épouse. Je lui ai dit vous êtes en état d'arrestation… " Toute la conversation se serait faite à voix basse, jusqu'au réveil de Danielle Bamkoui qui aurait alors entrepris de faire fuir le " monsieur " en éteignant la lumière et en lui jetant un caleçon estampillé du sigle du centre de formation de la police de Mutengene : Ciap.
Dans la mêlée, M. Bamkoui reçoit un coup du " monsieur " et saigne. Il choisit alors de " neutraliser " le fuyard. Mais alors qu'il rameute la maisonnée pour venir voir ce que leur " mère fait dans [sa] maison ", le " monsieur " est sorti. Dans la cour où il le recherche, il tire à nouveau sur l'homme qui fuit vers la broussaille. " Il a reçu quatre balles ", assure l'officier qui explique qu'en l'espèce sa responsabilité est partagée avec la famille du défunt qui aurait été au courant de la liaison adultérine de Mme Bamkoui avec leur fils. S'il avait voulu tuer Hervé Mapouro, avait encore dit l'accusé, aurait-il laissé sa voiture le transporter vers l'hôpital et sa femme utiliser " son argent " pour payer les soins ? A deux reprises d'ailleurs le condamné a tendu la main aux parents de la victime, leur présentant ses regrets.
Jean Baptiste Ketchateng





