Marafa Hamidou Yaya : Sapeur pompier ou stratège politique ?


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Le Minatd a déroulé un exposé trop simpliste qui ne dévoile pas sa vision du projet de décentralisation.

"Il reste un travail normatif supplémentaire à effectuer certes, mais l'essentiel est fait. Il permet d'envisager sereinement les premiers transferts de compétences et de ressources aux communes et aux communautés urbaines dès l'année 2010… ". Marafa Hamidou Yaya s'est ainsi voulu rassurant devant les députés vendredi dernier, face à l'inquiétude de l'un des leurs sur les difficultés auxquelles pourrait être confronté ce processus dont la mise sur pied est prévue depuis la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996. Le Minatd qui occupe cette fonction depuis le remaniement ministériel du mois d'août 2002 intervenu à la suite du double scrutin législatif et municipal de juillet de la même année, organisé dans les conditions que l'on sait, devait bien savoir de quoi il parlait, lui qui venait directement de la présidence de la République où il venait d'officier, de nombreuses années durant, comme ministre d'Etat secrétaire général.

Il le sait d'autant mieux qu'en sa qualité de chef du Minatd, il est le président du Comité interministériel chargé des services locaux. Cette structure qui regroupe l'ensemble des ministères concernés par la décentralisation et qui doit faire des propositions sur les transferts à opérer et les ressources y afférentes au Conseil national de la décentralisation (Cnd). Au cours des premières assises de cette dernière instance, tenue dans les services du Premier ministre le lundi 18 janvier 2009, des sources internes au Conseil indiquent que le Minatd était monté au créneau pour fustiger l'attitude de certains de ses collègues membres du gouvernement qui n'entendaient pas lâcher certaines prérogatives dévolues à " leurs " ministères en faveur des collectivités. " Et moi je vais gérer quoi ? " se serait d'ailleurs exclamé une collègue du Minatd.

Face aux députés vendredi dernier, Marafa Hamidou Yaya, qui a suivi l'évolution du processus depuis la préparation de la révision constitutionnelle de janvier 1996 en sa qualité de Conseiller spécial du président de la République, puis ministre d'Etat secrétaire général de la présidence et la préparation des trois textes de lois promulgués le 22 juillet 2004 par le chef de l'Etat, jusqu'à la défense devant la Commission des Finances et du budget jeudi 18 juin du projet de loi portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées, semble mieux que quiconque connaître les difficultés auxquelles la mise en place de la décentralisation peut faire face. Difficile cependant de savoir si ce stratège du pouvoir, à qui on prête des ambitions (certes légitimes) dans le cadre de la prochaine bataille pour la succession, n'a pas décidé de jouer un rôle plutôt que de dévoiler sa propre vision d'un sujet qu'il sait délicat. A-t-il décidé de jouer les sapeurs pompiers ou simplement de couvrir les failles du gouvernement dans ce processus visiblement mal goupillé ?

J.F.B

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