Musique : Le troisième âge du dinosaure


Le nouvel album de Messi Ambroise se veut une démonstration de lyrisme cadencé.
Eugène Dipanda

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La note de Moussa Haïssam, le producteur de l’œuvre, ne semble pas trompeuse. "L’album 3e âge de Messi Ambroise est un voluptueux cocktail détonnant de rythmes et de sonorités. Un vrai bouquet d’évasion en musique, qui trahit son riche parcours résumé en sept albums, et qui a forgé son génie créateur d’artiste pluriel", indique-t-elle. Comme à son habitude, l’artiste séduit en effet par la profondeur de ses textes. Ses messages, d’une manière générale, sont dépouillés de cette vulgarité manifestement chère au bikutsi. Apparemment sûr de son poulain, le producteur de l’œuvre affirme d’ailleurs que "Messi Ambroise vient tel un messie exorciser l’environnement bikutsi…"

Toutefois, pour s’en rendre compte, il faudrait parcourir les sept titres composant l’album "3e âge". L’artiste y aborde des thèmes divers, à l’instar de l’amitié, de l’amour, de l’infidélité et de ses conséquences néfastes dans les couples. Quoique fortement influencé par le bikutsi, l’album présente cependant une petite ouverture à la world Music. Dans certains titres comme "Ekang i Ndongo", on apprécie par ailleurs le tambourinage des percussions. Un exercice auquel se livre avec dextérité le nommé Mbamba. Dans le premier titre de son œuvre, "Faux ami", Ambroise Messi chante pour décrier certaines attitudes de nos alliés supposés, qui s’empressent de lorgner vers nos épouses en notre absence ; qui refusent de rembourser l’argent qu’on leur a prêté, etc. "Trahir un ami c’est pas bon, rouler un ami c’est pas bien…", chante le compositeur du titre à succès "Zen Klos" (chemin de croix), sorti dans les années 90. Lequel titre est d’ailleurs repris en remix dans l’album "3e âge", et que le mélomane, nostalgique, écoute avec un plaisir renouvelé.

Le titre "Ovongo" (rat palmiste), lui, est assurément l’un de ceux qui seront le plus appréciés du public. Il s’agit d’un hommage rendu à Messi Martin, le défunt chanteur dont Ambroise Messi semble revendiquer d’en être un pur produit de l’école artistique. Et le rythme choisi pour cette vénération, la salsa, démontre à suffire une certaine maturité de l’auteur-compositeur. Lequel, pour s’assurer de la plénitude du résultat escompté, s’est attaché les services des personnes à la compétence reconnue. Sam Mbendè intervient ainsi dans les arrangements, Patou Bass et Ntoumba Minka à la guitare bass, Victorien Essono au clavier, Tonton solo et Gibraltar Drakus à la guitare solo et, un trio de chœurs composé de Valery Medjo, Yves Akamba et Elise Tosa, pour ne citer que ceux-là. Après une assez longue période d’hibernation, "le dinosaure" est donc de retour. Avec des chansons hautement percutantes et une équipe musicale dite de choc, comme le confirment les proches de l’artiste. Reste à présent à assurer la promotion de ce "3e âge", dans un contexte où le bikutsi semble reprendre du poil de la bête sur la scène musicale camerounaise, malgré le phénomène de contrefaçon des œuvres artistiques, qui ne s’est jamais aussi bien porté.
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