Les manguiers qui leur servaient de refuge ont été abattus par des riverains pour le grand désarroi des roucettes.
Le quartier Bastos à Yaoundé a été au cours du week-end du 03 avril, le siège d'un chantier d'abattage d'arbres fruitiers. Coupés juste en face du commissariat du 10e arrondissement de la capitale camerounaise, cet abri des chauve-souris a été totalement démantelé. Ces bestioles y avaient élu domicile depuis plusieurs décennies. C'est donc un petit bois et un important espace vert de la ville de Yaoundé qui a ainsi été dévasté non sans perturber le mode de vie des milliers de chauves-souris. Sur cet espace ombrageux du Camp Sic dit de Bastos, seuls deux manguiers ont échappé à l'abattage.
De passage sur les lieux, le reporter de Mutations aperçoit au loin, de troncs géants d'arbres couchés sur le trottoir qui mène au Camp Sic de Bastos. Une image qui donne à évaluer l'ampleur des dégâts. Non loin de là, des deux côtés de la rue, d'innombrables souches d'arbres ainsi que des morceaux de troncs couchés, poussent à des interrogations. Quelques passants railleurs ne peuvent s'empêcher des exclamations du genre: "Ah! Qui a tué comme ça? ".
A sa question, le passant n'aura hélas pas de réponse. Selon des indiscrétions, les raisons de cet abattage sont nombreuses. "Ces bêtes ne permettaient pas aux gens de dormir. En plus, elles sont salissantes. Elles déposaient par exemple leur matière fécale sur des gens", soutient un jeune homme rencontré dans les environs. "Pour le reste, demandez au grand qui construit cet immeuble", poursuit ce témoin de la scène. On apprend alors qu'il s'agit d'un groupe de personnes qui s'étaient décidées à couper "ces arbres vieux d'une quarantaine d'années sans l'aval de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy)".
Approchés, certains riverains se sont murés derrière le silence. "Cette affaire concerne le boss", se laisse aller tout de même l'un d'eux, peu disert. Un député de l'entourage, n'informe pas davantage du fait d'un "déplacement en Chine", indique l'un de ses collaborateurs. Il laisse cependant échapper que les arbres ont été abattus avec l'onction de la Société immobilière du Cameroun (Sic). Difficile cependant d'en savoir plus. Toujours est-il que la destruction de ce vieux verger au cœur de Yaoundé met au goût du jour la question de la déforestation en plein débat sur le changement climatique et de la destruction des écosystèmes.
Même si certains se félicitent de ce que la coupe des manguiers leur a permis de s'approvisionner en bois de chauffe. Au grand détriment des chauves-souris et roussettes obligés d'aller chercher un abri ailleurs. Encore que lors de l'abattage des arbres, nombre de ces animaux ont été tués par des chasseurs qui les vendaient 1000Fcfa pour trois têtes. En détruisant sans perspective de substitution ni renouvellement, le vieux verger du Camp Sic Bastos, les commanditaires ont certainement résolu le problème de la clarté souhaitée dans cet espace. Mais pour créer plus d'un problème environnemental.
Guy Hyacinthe Owona (Stagiaire)





