Ambassade des Etats-Unis :La société civile charge le pouvoir


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Au cours d’une table-ronde organisée par l’ambassadeur et le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, lundi dernier. Au menu : l’organisation de la présidentielle d’octobre.

« Je l’ai senti secoué par ce qu’il a entendu », fait observer en parlant de Johnnie Carson, l’un des 22 privilégiés de la société civile invités lundi dernier à l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun. Le carton d’invitation indiquait que Robert Jackson, l’ambassadeur, et le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines les conviaient à une table ronde de la société civile. Des invités triés sur le volet : Christian Tumi, Pierre Titi Nwel, Bernard Njonga, Henriette Ekwe, entre autres…Dans une sorte de répartition des tâches, ces empêcheurs de tourner en rond ont dit tout le bien qu’ils pensent de la situation socio-politique, du processus électoral en particulier, à l’approche de la présidentielle de 2011.

Christian Tumi part d’un repère historique : la présidentielle de 1992, pour indiquer que le vainqueur ne fut point celui qui prêta serment. Par cet exemple, le prince de l’Eglise catholique montre que les scrutins successifs au Cameroun n’ont pas toujours tenu compte de la volonté populaire. En outre, d’après lui, le dernier scrutin présidentiel  de 2004 donna lieu à la production d’un rapport d’observation et à la mise sur pied d’un important chantier, conduit par la Commission Justice et Paix, visant à toiletter le système électoral. Résultat des courses, les propositions y contenues, notamment l’avènement d’un code électoral, restent lettre morte. Car se heurtant au refus systématique du pouvoir de Paul Biya d’écouter les autres composantes de la société camerounaise. Différentes consultations en trompe-l’œil étant organisées en vue de la mise sur pied d’un organe électoral indépendant.

 

Déficit d’adhésion

 

Henriette Ekwe embraye sur le déficit d’adhésion des Camerounais à l’égard du processus en cours d’inscription sur les listes électorales. En cause, d’après elle, le verrouillage du jeu par un pouvoir sourd aux doléances de l’opposition et de la société civile. Les dernières modifications législatives sur Elecam et la loi sur l’organisation de l’élection présidentielle, en avril 2011, en portent encore témoignage. Conséquence, à trois mois de l’échéance, les Camerounais sont plus que jamais désabusés, car sachant les jeux faits d’avance. Le prix du courage féminin 2011 du département d’Etat américain fait part de son scepticisme quant à l’organisation d’un scrutin libre, transparent et ouvert.

Victime d’une manifestation paysanne réprimée le 31 mai dernier à Yaoundé, Bernard Njonga s’est appesanti sur la gestion pour le moins discriminatoire de la liberté de réunion. Le président de l’Acdic (Association citoyenne de Défense des Intérêts collectifs) note qu’en dehors du Rdpc, le parti au pouvoir, qui tient ses meetings sans encombre, des initiatives semblables des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile sont systématiquement interdites ou étouffées par la violence.

Un tableau peu reluisant que n’atténueront pas d’autres prises de parole sur la nécessité d’éduquer la population aux questions électorales ou la faiblesse actuelle de l’opposition.

Johnnie Carson a réitéré à ses hôtes d’un après-midi l’exigence américaine d’aboutir à une élection présidentielle sans tache. Un discours tenu quelques minutes auparavant à Hilaire Kamga, secrétaire permanent de la Plate-forme de la société civile pour la démocratie, Elisabeth Tamajong, secrétaire général du Sdf, et Edith Kah Walla qui ont eu les honneurs du diplomate yankee.

 

Inquiétudes

 

Le Sdf a formulé trois exigences irréductibles : le bulletin de vote unique, un scrutin à deux tours et la carte biométrique. L’Offre  Orange, représentée par Hilaire Kamga, a décliné ses inquiétudes sur : « Le refus d’Elecam de procéder à une refonte complète du fichier électoral ; le refus d’Elecam de prouver la transparence du logiciel utilisé pour la gestion des élections ; les dernières modifications de la loi qui consacrent la régression du système électoral camerounais ; la domination du Système électoral par un directeur général des élections non neutre et superpuissant ; l’opacité sur le calendrier électoral ; la non-fonctionnalité du Conseil National de la Communication ; le monopole avéré du parti au pouvoir sur les médias d’Etat ; le dépouillement du Conseil Electoral d’Elecam de son seul vrai pouvoir que constituait la publication des tendances post-scrutins ; l’exclusivité accordée au seul conseil constitutionnel, qui sera nommé par les membres d’un seul parti le RDPC, pour la proclamation des résultats électoraux. »

En visite de travail, à l’invitation expresse de Paul Biya qui l’a reçu lundi, en fin de matinée, Johnnie Carson débarque après les tentatives malheureuses des plus hautes autorités camerounaises de rallier Hillary Clinton à leur cause. Selon l’hebdomadaire Emergence, une délégation conduite par Paul Atanga Nji essuie une fin de non recevoir au début du mois de la part du chef de la diplomatie américaine. Une autre tentative a lieu en Zambie quelques jours après, à la faveur de la tenue d’un sommet sur l’Agoa. Et de sources informées, une autre approche s’est esquissée lors du passage, à la mi-juin, de la secrétaire d’Etat à Addis-Abeba, en Ethiopie. En vain.

 

 

Omer Mbadi Otabela

 

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