Musique : Ndedi Eyango (con)tourne la page


Son nouvel album a des allures de déjà entendu.
Félix C. Ebolé Bola

.
Onze albums et quelques pépites plus tard, "Le prince des montagnes" récidive. En cette année 2007, Ndedi Eyango a décrété qu'"On tourne la page". Son nouvel opus, est riche de dix titres. Il a été concocté avec des requins tels que Kayou (saxophone), Ngouma Lokito (basse), Jacky Kingue ou encore Grâce Decca (lead vocal). Mais, à bien écouter entre les notes, "Le prince" a tout fait tout seul : il a tout écrit, arrangé et produit. Il est au chant, fait la plupart des guitares et s'essaye même à la basse. Pour "tourner la page", le non moins producteur (Preya Music) résidant aux Etats-Unis a troqué sa voix tonique contre un timbre plus sage, loin des intonations vivifiantes de "Salut les mariés" et autre "You must Calculate". Grâce à la magie de l'électronique, la direction d'orchestre tient la route de même que les arrangements. Il nous promène ainsi sur des airs de makossa, d'essewè et de zouk love.

Ndedi Eyango a visiblement gagné en expérience, mais semble éprouver beaucoup de mal à s'éloigner de ce qui a fait sa réputation, tant "On tourne la page" ressemble étrangement à du déjà entendu. Les mauvaises langues parleraient d'un "copier-coller" moins bien rendu. L'album reste résolument tourné vers le passé. Certains airs rappellent étrangement "Service libre". "On tourne la page" n'est pas très éloigné de "Les problèmes". Même le duo avec Grâce Decca ("Oa nde na tondi") a du mal à convaincre le mélomane. Dieu merci, il nous console avec "Nono si", une belle ballade dans laquelle on retrouve un Andy Suziki bien inspiré au saxophone. Moraliste à souhait ("Les autres avancent pendant que nous reculons"), il donne l'impression de déclamer des incantations plus qu'il ne chante. Il en avait sans doute plein le cœur, voulait régler des comptes au passage, mais on doute fort que ses boutades soient de celles que mimeront les bonnes ménagères pendant les prochains mois.
Peut-être bien que, comme certains talents de sa trempe passagèrement - on l'espère - en mal d'inspiration, l'auteur de "Soul botingo" gagnerait à confier, de temps à autre, le formatage de certaines de ses créations à d'autres génies. Cela lui éviterait sans doute, et à nous aussi d'ailleurs, de se retrouver face à une œuvre musicale difficile à écouter et presque impossible à danser.

Discographie
- Service libre (1985)
- Salut les mariés (1986)
- You must calculate (1987)
- Soul Botingo (1989)
- Les problèmes (1991)
- Prince Eyango's Greatest Hits (1994)
- Another part of me (1996)
- Si tu me mens (1998)
- We mama (1998)
- You go pay (2000)
- Metamorphose (2002)
- On tourne la page (2007)
2445 Uitzichten

Reacties