Il est presque 23h ce 24 décembre 2007, et les rues de la capitale sont désertes. Un tour dans la ville laisse penser que les Yaoundéens ont décidé de rester chez eux pour ce réveillon de Noël. Les débits de boisson sont à peine plus animés que d’habitude, quand certains ne sont pas déjà fermés. Mais il faut se déporter au boulevard du 20 mai pour comprendre que la fête se déroule ici et nulle part ailleurs. Une foule bigarrée a en effet pris d’assaut le rond point de la Poste centrale, le carrefour de l’Indépendance et les artères du boulevard. Les fidèles sortis de la traditionnelle messe du réveillon à la cathédrale Notre-Dame des Victoires viennent grossir les rangs. Les voitures circulent avec difficulté et il faut attendre une dizaine de minutes pour faire le tour du rond-point. On se croirait pratiquement déjà au 31 décembre. L’alcool coule à flot et de petits incidents sans gravité sont perceptibles.
Si la foire « Yaoundé en fête » est pour beaucoup dans cette affluence, la plupart des personnes présentes ce soir sont là pour assister au concert de Manu Dibango. Et les réactions sont assez mitigées au sortir de l’événement. « Nous sommes déçus car il n’a joué qu’une dizaine de morceaux. Nous en voulions un peu plus, car ce n’est pas tous les jours qu’on le voit », déclare un noctambule. Pour la majorité des spectateurs par contre, « c’est une chance incroyable de voir le grand Manu à 100 F seulement. Ce genre de cadeau n’arrive qu’une fois dans sa vie. On aurait bien souhaité que ça ne se termine jamais, mais toutes les bonnes choses ont une fin », estime Louis Mengue. Après Manu Dibango, le boulevard du 20 mai se vide lentement de sa foule. Vers deux heures du matin, il n’y a presque plus personne. Rien que des ordures qui jonchent les rues et des « nanga boko » (enfants de la rue) à la recherche d’un bout de pain, quelques airs de soul Makossa dans la tête. Pourra-t-on faire mieux pour la Saint-Sylvestre ?





