La musique camerounaise se porte très mal. Elle a besoin d’un nouveau souffle.


Artiste controversé, mais réaliste, Philippe MILOKO, viens de mettre sur le marché son troisième album intitulé ‘‘Je danse, tu danses’’ et a choisis Camer.be pour présenter cet album et ouvrir son Cœur au Public.

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camer.be:cameroun

Bonjour Philippe MILOKO, nous vous remercions d’avoir accepter de nous recevoir à votre domicile malgré un programme chargé.

Je suis également très enchanté de vous recevoir, certes ce n’est pas la première fois que je reçois des Journalistes chez Moi, mais c’est toujours un honneur.

Philippe MILOKO, on en entend parler un peu partout sur la place Parisienne, mais l’homme se fait rare. Qui est Philippe MILOKO ?

Je m’appelle MOUKOKO Philippe, (Philippe MILOKO étant mon nom de scène) Originaire du Nkam (Cameroun). J’ai commencé la musique étant fœtus dans le ventre de ma mère. Actuellement j’ai deux albums sur le marché, Amour confidentiel sortie en 2002, et Musique laïque sortie en 2003, où j’ai joué principalement avec des Artistes Antillais. Actuellement, je viens de terminer mon troisième album qui se nomme ‘‘Je danse, tu danses’’.

Deux albums sur le marché, un troisième album fin prêt, quel est votre parcours musical ?

J’ai commencé ma musique dans les cabarets, mais c’est grâce à Henri NJOH que j’ai eu ce déclic quand j’étais encore au collège, car quand je l’entendais chanter, le timbre de sa voix et sa manière de chanter m’ont beaucoup marqué. Je me suis donc mis à interpréter ses chansons, et j’ai fais 5 années de cabarets, de Car Podium, les grands plateaux de spectacles au Cameroun. J’ai joué également avec des grands noms de la musique Camerounaise à savoir le feu Eboa LOTIN, Petit-PAYS, et d’autres encore qui sont des artistes que j’ai connu dans les cabarets où ils venaient souvent se produire. Donc, je suis passé à côté de ma vocation première à savoir Comptable et me voila chanteur.

Vous avez parler de Petit-PAYS, et pour ceux qui vous connaisse, on sait que vous avez fait un parcours éclair avec son groupe mythique les ‘‘Sans-Visas’’. Qu’est ce que ce passage  vous a apporté de positif dans votre carrière, sachant que ce groupe est tout de même assez mitigé ?

Le groupe c’est quelque chose de bien, c’est comme une famille et lorsque vous vivez avec des gens, vous recevez toujours quelque chose de bien ou de mauvais, et c’est à vous de canaliser cette énergie qui est positive ou négative. Avec les ‘‘Sans-Visas de Petit-PAYS’’, j’ai retenue beaucoup de choses, et surtout, j’ai eu la passion de travailler avec des personnes de plusieurs horizons différents et cela c’est toujours un plus dans la vie.

Après ‘‘Amour Confidentiel’’ qui a beaucoup marché au Cameroun, malgré le fait que vous-même vous soyez installé en Europe, aujourd’hui, vous sortez un troisième album ‘‘Je danse, tu danses’’. Et si vous nous parliez dans un premier temps de la conception de ce produit en lui-même ?

J’ai toujours l’habitude de dire que quand on apprend la musique, car la musique peut-être comparer aux mathématiques, on est amené à faire un bon travail. On retrouvera dans cet album des rythmes tel que du Makossa, du RnB’ Salsa, de l’Afro-zouk, qui sont quand même des énergies que j’ai accumulée de mes nombreuses expériences. Moi, je me dis que le Cameroun a quand même d’énorme potentiels et avec la diversité ethnique que regorge ce Pays, nous avons la chance d’avoir aussi une multitude de variété et de sonorité musicale qu’il faut explorer. Moi, je dis toujours que le Zouk a été créer au Cameroun, le Coupé Décalé que l’on écoute un peu partout en longueur de journée, hors mis les animations voix et les guitares samples que l’on rajoute en studio, cette musique est à 80% une reprise des grands tubes camerounais de l’époque. Concernant la conception de l’album en elle-même, c’est un album que j’ai produit moi-même, et qui a été conçu dans des conditions extrêmement difficile, car j’étais vraiment à la recherche de différentes sonorité musicale. C’est ainsi que l’on y retrouve des musiciens tels que Bisou BASS, qui est un très grand guitariste, mais également des musiciens Congolais tels que le Batteur de Koffi OLOMIDE, on retrouve également dans cet album Doddy Drums, Charlotte DIPANDA, Yvette FRANKLIN et bien d’autres.

De plus en plus, la nouvelle génération de la Musique Camerounaise travaille avec des artistes étrangers et souvent pas très connu. Mais malheureusement, cette union n’existe pas entre artistes camerounais. En quoi cela est-il du ?

Je crois que cela est ancré dans nos mœurs depuis la nuit des temps. A l’époque, il y avait les Black-still et biens d’autres groupes, qui étaient faut le préciser, de très grands groupes sur la scène nationale et internationale, mais qui n’ont pas pu rester ensemble longtemps. J’ai comme l’impression que ce n’est pas dans l’habitude du camerounais. Je crois que le seul qui a vraiment essayer de monter une structure pareille c’est Petit-PAYS, et quoi que l’on dise il tiens la barre jusqu'à ce jour.Mais, je ne crois pas non plus que cela soit une mauvaise chose de travailler avec des artistes étranger, car cela apporte de nouvelles sonorités dans ton travail, et tu te mets un peu plus dans la plateforme internationale grâce à un métissage très important. Car nous sommes à l’ère du métissage international.

Dans la même logique, pourquoi les artistes Africains et Camerounais de surcroît ne se basent pas sur l’exemple du groupe KASSAV’ afin de faire avancer notre musique, dans le sens ou malgré la création du groupe, chaque membre actif a le droit de faire un travail solo qui ne nuit pas à la réputation du Groupe. Au Cameroun, c’est tout le contraire. Dès que l’un des membres d’un groupe sort son album solo, tout de suite, il y a embrouille entre le leader du groupe et lui. Vous qui avez tout de même évolué pendant des années dans des groupes avant de sortie votre premier album solo, quel est le véritable problème ?

Vous savez, dans la vie, il y a des gens qui ne savent pas partager le succès. Il y a des gens qui ne comprennent pas que je suis la aujourd’hui, et demain, je ne serais peut-être plus là, donc faut que je prépare la relève. Cela marche encore un peu partout en Afrique, mais chez nous au Cameroun, règne un réel problème de leadership. Il faut créer à tout pris une dynastie ou on est maître et on le reste aussi longtemps que possible.

Vous vous avez travaillez avec des artistes camerounais et étrangers, et vous continuerez à le faire et vous encouragez également vos confrères, je prendrais tous simplement le cas de Bisous Bass qui est reconnu comme l’un des meilleurs Bassiste de sa génération, ou encore le cas de Charlotte DIPANDA à qui vous avez fait appel dans votre dernier album, qui est quand même une choriste de studio et qui joue depuis peu avec bon nombre d’artistes.

Il est vrai que Charlotte DIPANDA est une très grande artiste, mais si aujourd’hui elle est arrivée à ce niveau, c’est parce que hors mis son timbre vocal, elle puise son essence dans la diversité musicale internationale où elle évolue. Chaque artiste avec qui elle travaille lui apporte un plus qu’elle retransmet volontiers à toute personne qui fait appel à ses services. Et je pense que pleins d’artistes camerounais devraient en faire autant. Même ici en Europe cela ce fait. Je prendrai juste l’exemple de Johnny HALLIDAY qui malgré sa popularité et son talent, fait appel à d’autres musiciens soit pour lui écrire des textes, ou encore pour l’accompagner sur scène.

Sur le plan International, que pensez-vous de la Musique Camerounaise hors de ses frontières, pour vous qui êtes installé en plein cœur de Paris, considéré comme le poumon de la Culture Mondiale ?

La musique camerounaise se porte très mal. Elle a besoin d’un nouveau souffle. Des gens comme Petit-PAYS lui ont beaucoup donné, mais à la fin on se fatigue, car une seule main ne peut pas faire tout le travail. Au fur et à mesure on découvre qu’il y a une génération de chanteur qui arrive et qui ne travaille plus. Ma génération, je la connais. C’est une génération dont on parle actuellement, car nous avons tous de même eu un parcours musical avant de sortir nos différents albums. Aujourd’hui, les artistes que l’on voit ou écoute dans les médias camerounais chantent tellement faux que cela crée un désordre dans la musique Camerounaise. On ne sait plus ou donner la tête. A part cela, il y a également le problème de la piraterie au Cameroun, qui fait fuir les investisseurs et les éditeurs de phonogrammes, car ils savent que l’album arrivé sur le marché sera piraté.La musique Camerounaise tant sur le plan National qu’international, manque de Production et de Distribution. Aujourd’hui on parle beaucoup de Coupé Décalé, et quoi que l’on dise de cette musique, il y a tout de même des gens qui mettent de gros budgets afin que elle soit suivie promotionnellement sur le plan International. Pourquoi pas la musique camerounaise ?

Comment pouvez-vous expliquer que sur la scène Internationale, des producteurs tels que JPS Production, TJR Music, Simon Music, qui sont à la base des Camerounais, privilégient la promotion de la musique Camerounaise au détriment des musiques étrangères ?

Je suis très mal placé pour répondre o cette question, mais tout ce que je peux vous dire, c’est que je pense que cela soit également dû à la vision que le consommateur à face aux produits qui lui sont présentés. Mais, je pense également que JPS a beaucoup donné à la musique Camerounaise, mais cela n’a pas décollé. Donc je pense que maintenant ils investissent la où il y a le talent.

Quelles sont vos relations avec les musiciens africains ?

J’ai de très bonnes relations avec les musiciens africains tels que Meiway, qui est un grand Ami. Les musiciens camerounais sont avant tout mes frères, et je le redis, moi je ne la joue pas à la grandiose. Lorsque je rencontre un musicien camerounais, tel Petit-PAYS, Papa ZOE, Nguéa La Route, Papillon et j’en passe, moi je fais mon travail, je leur dis Bonjour. Il est vrai que au-delà de l’imaginaire, c'est-à-dire de se mettre ensemble pour faire un album (même si mon souhait est que l’on y arrive un jour), nos relations sont très bonnes.

Malgré le talent artistique qui émerge des artistes camerounais tels que Guy NSANGUE, Henri DIKONGUE, Richard BONA, Etienne MBAPPE, Bachot MUNA, Sergéo POLO et bien d’autres artistes de la nouvelle et ancienne génération de la Musique Camerounaise, notre musique brille encore de nos jours de son absence dans les grandes cérémonies de distinctions et de remises de consécrations. En quoi est due cette carence ?

Personnellement, je me dis que cela est en première partie dû au destin, mais également au fait que le camerounais soit solitaire. Quand vous arriver en Europe, tous les pays africains sont représentés par leurs communautés en foyer ou en association. Je pense que le Cameroun est le seuls pays à ne pas avoir une pareille solidarité sur le plan international. Le camerounais aime évoluer en freelance, mais cela ne veux outrement dire que les Camerounais se déteste, loin de là cette idée, mais chacun veux tout simplement marquer son territoire. Mais un jour cela va changer, soit on va continuer à se détruire, soit on sera plus fort.

Que pensez-vous des nouvelles vagues de musique qui déferlent sur le Monde actuellement ?

En dehors du fait d’avoir joué dans des cabarets et un peu partout, je tiens a préciser que j’ai fais le conservatoire de Musique. Les musiques dont vous parlez, il faudrait plutôt me demander pourquoi elles sont adulées par le public. Et la réponse est toute simple. Elles marchent parce que il y a des gens qui y mettent le paquet, et c’est ce qui manque à notre musique. Si aujourd’hui, quelqu’un met un paquet sur mon nouvel album ‘‘Je danse, tu danses’’, je vous promet que cela sera un carton sur le plan International. Le fait de dire que l’on investit, et on ne se limite que à Douala ou à Yaoundé, ne fait pas le bonheur de l’album. Si on investit dans la promotion d’un album, que l’on le fasse bien. Il faut faire le tour du Monde. Ce que les gens ne savent pas, c’est que des pays comme le Gabon, le Bénin, la Côte d’Ivoire et bien d’autres pays adorent notre musique, alors, il faut s’y rendre pour faire de la promotion.

Ne pensez-vous pas qu’à l’instar des artistes ivoiriens, il faut dès la base une union entre les artistes, et c’est ce manque d’union entre artistes camerounais qui effraie les promoteurs culturels ?

Il faudrait également que les producteurs et les promoteurs de disques fassent des propositions aux artistes, car c’est tout de même eux qui détiennent la clef de notre succès. Je pense que même ici en Europe, dans les grandes firmes international tel que Sony ou Virgin, on impose aux artistes cette union, car il s’agit non seulement de préserver l’image de la Marque, mais également du chanteur.

Que pensez-vous de la piraterie, sujet dont on ne peut se passer ?

La piraterie c’est un cancer, c’est de la merde, c’est la drogue à toutes les étapes de l’élaboration musicale. Mais le véritable problème de la piraterie est que ces merdiers on ne les emmerde pas au Cameroun,  et c’est décevant quand même. Et aujourd’hui, ce que Sam MBENDE est entrain de faire au Cameroun est quelque chose de bien, et il faudrait que le Gouvernement lui donne encore beaucoup plus de moyens et d’autorité pour mener à bien son travail, afin d’éradiquer ce fléau.A l’époque, il y avait le Zoua-zoua (essence frauduleuse) au Cameroun, et le gouvernement en moins de deux mois avait éradiqué ce fléau. Certes il protégeait leurs intérêts, mais je pense que lutter contre la piraterie c’est également protéger le gouvernement contre les impôts impayés.

Revenons à votre troisième galette ‘‘Je danse, tu danses’’. Quel est votre programme promotionnel ?

Actuellement, la promotion de l’album est lancée au Cameroun, et un peu partout en Afrique par des Cd promotionnelles, et le clip passe également dans toutes les chaînes africaines, mais également à Air France. Je sors d’une tournée promotionnelle en Espagne et en Suisse, mais d’ici peu la troisième partie promotionnelle sera mise en place à savoir les tournées de spectacle, le temps d’établir avec mon promoteur Jean Claude KUTTA un calendrier des pays dans lesquels je passerai, et vous serez informer dans les plus bref délais.

Ne pensez-vous pas que le fait également de jouer avec une diversité d’artistes internationaux vous fait perdre le fil conducteur de la musique Camerounaise ?

La musique Camerounaise est variée, et personnellement, c’est moi qui donne la mesure à mes musiciens, quelque soit leur compétence, et ceci, c’est afin de ne pas perdre mon identité culturelle, mais d’y apporter des sonorités internationales. Moi je fais du Makossa New Groove avec des guitares qui tournent, qu’elles soient rythmique (Camerounaise) ou solo (Zaïroise), car une fois de plus vous vous rendez compte que la nouvelle génération est celle qui cherche à se dépasser.

Aujourd’hui, vous êtes au top de votre art, quel message souhaiteriez vous faire passer à vos confrères artistes qui vous liront et à ceux qui vous soutiennent ?

Si aujourd’hui, j’ai baptisé mon nouvel opus Philippe MILOKO et le Nouveau gouvernement, c’est tout simplement parce que j’apprécie la beauté et la nouveauté et surtout la nouvelle génération ? Que ce soit celle des chanteurs, Dj ou journalistes, car nous sommes l’avenir, nous sommes le Cameroun voir l’Afrique de Demain. Mettons-nous ensemble, travaillons plus dur et je pense que cela sera bénéfique pour notre culture.

Pourquoi ‘‘Je danse, tu danses’’ ?

Déjà parce que c’est un appel que je lance non seulement au peuple camerounais de revenir dans nos sources, car à nous seuls nous avons le Bikutsi, le Makossa, le Mangambeu, le Bend Skin,l’Assiko... et nous ne pouvons nullement les abandonner pour importer des musiques venant d’ailleurs. Soyons patriotes. Moi, j’ai été au Congo, et jamais au Congo, tu n’écouteras un Makossa, cela fait partir de leur principe. Je ne demande pas au Camerounais de ne pas danser ce qui est fait ailleurs, mais promotionnons 80% de notre musique et 20% de musique étrangère, et nous serons tous gagnant.N’oublions pas que un peuple sans culture est un peuple perdu. Si aujourd’hui dans le foot-ball, il n’y avait pas des combattants tels que Roger MILLA, Thomas NKONO, Jacques SONGO, ETO'O Fils, Rigobert SONG et les autres, si dans la musique on avait pas Manu DIBANGO ou Yannick NOAH, c’est que le Cameroun (le Pays) n’est pas respecté chez les autres. Notre musique également a besoin de ce souffle nouveau, et seuls les artistes, les producteurs et les promoteurs de musique n’y arriveront pas sans l’apport, le soutient et la volonté du public.Cet album a une chance d’avoir une distinction, et je ne souhaite pas avoir un Disque D’or, mais un disque de réveil qui est tout le contraire du disque d’or qui comme son nom l’indique, dort. Moi, je viens réveiller le public.

Le mot de la fin ?

Le message que je souhaiterai faire passer est un message d’amour, à tout ceux qui l’iront cette interview, un message d’amitié et je leur demande d’encourager tous les chanteurs du Monde en évitant de pirater la Musique, car l’Art est un don Divin ? Respectons le. Je sais que le Monde aujourd’hui est en dérapage, mais aimons-nous les uns les autres comme le CHRIST nous a aimé. Evitons la méchanceté, les discriminations, le racisme et construisons un Monde meilleur pour nos enfants et pour les générations futures. Essayons d’être honnête et de vivre ce que l’on ressent. Ayez le dont du partage.

J’ai mis beaucoup de temps pour concevoir ce produit, car, je voulais offrir au public le meilleur de Moi-même, et j’espère et je souhaite que le public et l’écoute, car cet album va donner quelque chose de nouveau dans notre culture et dans la musique camerounaise

Source :  Camer.be : Erick BWAMBI EBELLE

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