Beaucoup peuvent le fagotter dans l’étiquette de schyzo, mais le personnage n’a cure, restant dans son élément, celui d’étonner, de surprendre de dérouter à l’image de ses nobreux noms provocateurs, novateurs, enjôleurs : Rabbi, La monako ou Le neveu de Jésus, Adonaï, Le turbo, Oméga, Le numéro un d‘Afrique.
Superlatifs résolus ? Il y a de quoi avoir du cran et Claude Moundi (son vrai nom) n’en n’est pas à son premier pavé dans la marre, lui qui a été le premier artiste Camerounais à poser nu sur ses affiches, CD et K7, il sera également le premier à poser en travesti (femme) avec l’album La monako (2005). Ekamofok, son nouvel album ne renie pas le passé sulfureux de l’artiste : Petit Pays chante l’amour, l’amour, en pensée et…en actes. Interview orageuse Cameroun-Online.com.
COL: Petit Pays, Ekamofok par rapport à tes précédents albums, c’est quoi ?
Petit Pays : Ekamofok c’est une autre valeur musicale, l’album a sa dimension, il se porte très bien, il est sorti il y a quelques temps, il se vend bien, on ne se plaint pas.
COL : Quel est le nom que tu as voulu mettre en valeur, on sait qu’il y a 10 ans c’était d’autres noms, on a connu Rabbi, Le Number One, Le Neveu de Jésus, Le Turbo d’Afrique, l’Avocat défenseur des Femmes et tout le reste ?
Petit Pays : Ekamofok c’est le nom de l’album, Rabbi reste égal à lui-même. C’est Petit pays.
COL : Est-ce que tu penses déjà à des campagnes de promotion de cet album, des spectacles par exemple ?
PP : Oui il y a des projets là-dessus, on attend, on n’est pas pressé. Les concerts se préparent, sinon j’étais ce week-end là parce qu’il y avait soirée de dédicace au Madison du côté de Mimboman ici à Yaoundé.
COL : Vous avez toujours des chaînes partout et surtout la croix de Jésus. Ça représente quoi ?
"Je ne gagne rien sur mon dernier album, j'aime seulemnt mon public"
PP : C’est une croix, elle n’a rien d’extraordinaire.
COL : On remarque également sur toi, comme depuis quelque temps deux montres, ça veut dire quoi ?
PP : Il s’agit d’une invention de Petit Pays. Ça veut dire que j’ai l’horaire des morts à ma gauche et l’horaire des vivants à ma droite. C’est simple.
COL : Ekamofok, le message porte finalement sur quoi, tu ne fais pas la part belle aux danseuses par exemple, alors que la plupart des musiciens camerounais mettent un accent particulier sur ce volet. La danse des fesses ?
PP : Oui c’est pour éviter un peu cette facilité, l’album même a une valeur interne, ça veut dire que le contenu est bien et ça plaît forcément. De belles chansons, de belles mélodies, des textes aussi qui valent quelque chose et il y a surtout le rythme qui est bien travaillé.
COL : L’album a été enregistré et arrangé où ?
PP : il a été entièrement enregistré et arrangé chez moi dans mon studio, à Oméga productions à Maképé à Douala.
COL : Qu’est-ce que la soirée de dédicace t’a apporté ?
PP : C’est une rencontre qui m’a permis de me frôler avec ce public qui m’adore depuis longtemps, ça a permis de danser avec eux, de chanter à la demande du public, de boire ensemble et de faire la fête, de rester au contact avec eux en faisant une petite dédicace sur les CD achetés par mes fans que j’adore d’ailleurs.
COL : Les live de Petit Pays sont très courus, ces derniers temps ça manque, le prochain grand live que tu prépares à Yaoundé, Douala ou une autre ville du pays c’est pour quand ?
PP : C’est parce que c’est un peu costaud que c’est rare, j’ai en tout 24 personnes dans le groupe, danseuses et musiciens, ce n’est pas facile. Il faut s’occuper d’eux de temps en temps, il y a des courageux qui essaient de serrer les dents en m’invitant de jouer, sinon on joue ailleurs, hors du pays.
« Les Camerounais sont très méchants… »
COL : Que pense Petit Pays des rythmes de l’Afrique de l’Ouest qui nous inondent, Coupé décalé, Sagacité,… ?
PP : Ceux qui font dans la facilité, le Ndombolo et autres, eux-mêmes ils voient, ils n’arrivent pas à vendre. On ne peut pas les qualifier ou les inviter ailleurs, on préfère la copie plutôt que la photocopie. Mais je pense qu’il faut s’identifier, tous ceux qui ont piqué Petit pays, vous les connaissez, tous ceux que j’ai formés, s’en sortent aujourd’hui. Je le savais, j’ai placé les pions exprès, tous ces petits, Njorrheur, Henri Dina, Sergio Polo, Sammy Diko sont passés par là et ont eu une bonne formation. Je suis fier d’eux aujourd’hui.
COL : Dernier message Petit Pays pour tes fans qui vont te lire ?
PP : Je vous remercie déjà, c’est la première fois que j’accorde une interview chez vous, je sais que vous êtes beaucoup lu dans le monde, je vous trouve très sympa, très accueillant, l’album« Ekamofok » est déjà sur le marché, un album de qualité, le prix est très abordable, 2000 francs. C’est 2000 FCFA, pour être accessible à tous, moi Petit Pays je ne parle plus argent, mon souci est que chacun puisse écouter de la bonne musique, surtout celle de Petit Pays.
Tout l’album compte douze chansons à 2000 FCFA, je ne gagne rien du tout, j’aime simplement mon public. Il faut qu’il écoute de la bonne musique et beaucoup n’ont pas les moyens de s’acheter un CD. Le prix fixé permet aussi de lutter contre la piraterie. Je pense qu’au Cameroun les gens sont méchants, ils apprécient la musique de loin mais ils n’aiment pas les artistes.
C’est le seul pays au monde où les gens n’aiment pas les artistes. Les Camerounais sont très méchants, je le dis, ça fait très mal. Parfois j’ai envie de regretter d’être Camerounais, parce que quand je vais dans certains pays, ce n’est pas le cas, mais on fait avec.
COL : Merci Petit Pays pour ce moment avec toute ta grande équipe.
PP:(il présente certains membres de son équipe)
Propos recueillis par François BIMOGO
Transcription : Jean Charles Jérémie
Source : http://www.cameroun-online.com





