Les dernières personnes à l’avoir eu au téléphone parlent de la soirée de samedi. Ce soir là, il confiait qu’il avait été interpellé et était en train d’être entendu. Depuis, plus rien. Pas évident - peut être le fait du week-end ? - d’avoir accès à Joe La Conscience. Son téléphone mobil sonne dans le vide. «Quand j’ai été au courant de ce nouveau développement, j’ai essayé de l’appeler pour en avoir le cœur net. Toutes les tentatives sont vaines. Nous comptons y faire un tour ce lundi pour voir où ce qu’il est exactement et ce que le Sed lui veut», nous a confié Rodrigue Batogna, le président de l’Association de défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec).
Joe La Conscience, depuis le début de semaine était couché devant le siège de la représentation diplomatique américaine à Yaoundé. Il y faisait une grève de la faim. Pour exiger la réouverture des chaînes Télévision et Radio Equinoxe fermées par les autorités publiques, les 21 et 22 février dernier, à la veille du vaste mouvement de contestation sociale qui a secoué le pays pendant une semaine. «Officiellement les autorités ont évoqué l’exercice illégal de la profession, mais on sait que c’est une décision politique qui va dans le sens du musellement de la presse», avait déjà affirmé Joe La Conscience.
Equinoxe TV et Radio Equinoxe, faisaient partie, jusqu’à cette brutale décision de fermeture, des organes audiovisuels qui bénéficient de ce que le ministère camerounais de la communication appelle «tolérance administrative». Plus de 70 % de radio et Tv du pays sont encore dans cette situation. Beaucoup pensent que c’est la liberté de ton de ces chaînes qui leur a value la foudre du ministre de la communication. Dans la foulée, Magic Fm, une autre radio émettant à Yaoundé a été contrainte de fermer boutique, notamment à travers la confiscation de son matériel par des forces de l’ordre.
L’interpellation de Joe La Conscience trouve, pour cet activiste, un contexte particulièrement douloureux. Son fils de 11 ans, Aya Patrick Lionel, élève au Lycée de Loum, est parmi les 6 morts qui ont été enregistrés à Loum à la suite des émeutes de la semaine dernière. Selon ce partisan du “Non à la modification de la Constitution”, il n’est pas exclu que son fils ait été l’objet d’un projet d’assassinat ciblé.
David Atemkeng





