Opéra: le baryton hausse le ton


Le chanteur lyrique camerounais Jacques Greg Belobo s’est produit jeudi dernier dans un mélange artistique original.
Alain TCHAKOUNTE

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Il fait partie, dit-on, des cinq meilleurs barytons au monde, ces interprètes classiques à la tessiture grave. Jeudi dernier au Palais des Congrès de Yaoundé, le baryton-basse Jacques Greg Belobo, qui peut atteindre, et c’est sa spécificité, des aigus encore inattendus, a focalisé toutes les attentions d’un public nombreux et sélectif, invité aux bons soins de la société de téléphonie mobile Orange Cameroun. Invités à venir se délecter les yeux, se chatouiller les oreilles et se caresser l’esprit à l’audition de l’opéra ballet " De l’ombre à la lumière ". Imaginé par un groupe pluri artistique camerounais, il s’agit d’un show classique, concocté presque à la gloire de l’interprète du jour. Dans " De l’ombre à la lumière ", on a retrouvé les prouesses du sculpteur Féroméo, les contorsions transies des danseurs inspirés, Bertrand Moada et Béatrice Mfegue sur une chorégraphie d’Elise Mballa, les fresques égayées du peintre Meric… Mais par-dessus tout, on a écouté un Jacques-Greg Belobo au sommet de son art.

Au total, une vingtaine de titres pour dire l’amour impossible de l’" inaccessible étoile ", et exprimer le lyrisme des compositions aussi passéistes qu’enjôleuses des Ravel, Mozart, Bizet, Gershwin, etc. Des titres dont les plus connus, " La calumnia " (On m’a calomnié, on a dit des choses sur moi…), de Rossini ; les avinés " Votre toast ", et " Ah ! si j’étais riche " de Bizet et de Jerry Bock, sans oublier le gospel mélancolique et apaisant " Go Down Moses ". Sur scène, Jacques-Greg Belobo rit, mime, porte ses vocalises aux cimes, joue au séducteur polyglotte (Ah ! le galant " Ich Liebe dich " !) dans une voix qui a fait frémir de plaisir plus d’un. Comment évoquer ces prouesses artistiques sans faire mention de la touche particulière et de la synchronisation réussie du pianiste Stéphane Jamin et du percussionniste Willy Ombé ? Le premier, qui jouait au Cameroun pour la première fois, reconnaissait n’avoir pas eu de problèmes à s’adapter. Le deuxième, quant à lui, n’a eu que trois jours pour se mettre dans le bain. Le résultat est phénoménal.

Jacques Greg Belobo, après la sortie de son premier album, " Airs sacrés ", n’en finit pas de séduire et d’être consacré dans son pays. En décembre dernier, il offrait pour Noël, un récital de ses œuvres personnelles, avec les enfants de chez lui. Deux mois plus tard, il a récidivé dans " De l’ombre à la lumière ", alternant les postures de Don Quichotte, Don Giovanni, Figaro, etc. On comprend mieux pourquoi il donnerait 150 opéras similaires par an. Son classement parmi les 5 meilleurs barytons du monde est-il vraiment usurpé ?

CT
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