Musique : Le spectacle en backstage


Les structures de communication évènementielle se taillent la part du lion dans l’organisation des spectacles.

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 Pour ses 40 ans de carrière musicale en octobre 2010, Ekambi Brillant était au four et au moulin, à la fois artiste et évènementiel. Le chanteur «bling bling» pilotait  ainsi tout ce qu’englobe l’organisation d’un spectacle d’envergure : communication, bouffe, location de la salle de spectacle, hébergement des invités, répétitions des musiciens etc. Il n’était visiblement pas question pour l’auteur de «Muna moto» de confier son projet à d’autres mains. «J’organise tous mes spectacles moi-même, telle la chanteuse américaine Madonnasic», déclarait-il à la presse le 13 octobre après ses concerts anniversaire. Mais l’on imagine la pilule amère, quand arrive l’heure de faire les comptes et de payer la note.
Aussi, de nombreux artistes préfèrent-ils confier le montage et la tenue des concepts évènementiels à d’autres. Ainsi, la réalisation des prestations musicales fondées sur les dédicaces d’album, anniversaire de carrière entre autres, incombent généralement aux structures évènementielles. On en compte une kyrielle dont Cy Entertenmaint, Ajajo, Sakissa productions (du Maréchal Papillon), Accti productions, Eb Prod Massema, Jft productions, Proximity etc.

Pour le come back du chanteur de makossa «Eriko», son frère aîné Francis Dalle, a eu l’idée d’organiser une série de concerts à Douala et Yaoundé. Mais l’idée a fait corps grâce au sponsoring de la compagnie de téléphonie mobile Orange Cameroun et au concours de «Plan B solutions», structure de communication évènementielle basée à Douala. Dans le cas d’espèce, l’artiste ne met la main à la pâte que pour le show proprement dit. Eriko a notamment donné de la voix le soir du 12 août à «Douala Bercy» et le 14 suivant, au palais des sports de Yaoundé. 
Toutefois, susciter l’intérêt d’un promoteur et des annonceurs, n’est pas toujours évident. «Les promoteurs se lancent dans un projet de spectacle en fonction de l’aura de l’artiste. Car n’oublions pas qu’il s’agit d’un partenariat gagnant gagnant entre le show et le bizness», renseigne Tchop Tchop (Landry Lemogo de son vrai nom), animateur radio et télé, bien connu, par ailleurs manager de Lady Ponce, chanteuse de bikutsi. De fait, le prétexte de divertissement rime avec moyens financiers conséquents.

Infrastructures
L’on pourra ainsi comprendre que la dédicace officielle du dernier album de Sergeo Polo ait lieu 8 mois après la sortie de l’opus en mars 2010.Un décalage quelque peu long, pourrait-on dire. «Je comprends votre inquiétude, mais c’est parce que vous êtes au Cameroun», renchérit Sergeo Polo. «En principe, il faut laisser le temps entre la sortie de l’album et sa dédicace. Ceci permet aux mélomanes d’apprécier le disque avant sa présentation officielle», rajoute «l’amourologue». Soit. Le temps et l’argent ont tout au moins permis à l’auteur d’ «amour à deux» de faire un spectacle de haute facture le 05 novembre dernier, dans la salle de «Douala Bercy». «Pour cet évènement, les maisons de productions : Emmanuel Bidjecke (Eb) Prod et Sergeo Polo (Sp) Association, ont travaillé en étroite collaboration», renseigne Charles Fils Elanguè, l’attaché de presse du «Roi Polo XVIII».

Durant l’avènement du coupé décalé, les capitales politique et économique du Cameroun ont connu les prestations d’une vague de Dj ivoiriens. Suivant leur popularité d’alors, les Dj Arafat, Jacob, Serpent noir, ont foulé le sol camerounais à l’instigation de «Cy Entertainment», de l’évènementiel Chinois Yangeu. Depuis la célébration en grande pompe des 10 ans de sa boîte en février 2010 avec Magic System, Espoir 2000, Soumbil, ce dernier semble aussi essoufflé que le coupé décalé. «De manière générale, les spectacles se font rares. Non seulement parce qu’il n’y a pas assez de sponsor, mais aussi parce qu’il manque de vraies salles de spectacle au Cameroun», explique Tchop Tchop. «Et sans annonceur, organiser un spectacle serait un suicide», poursuit le charismatique imprésario-humoriste-présentateur. Une raison qui explique l’intransigeance de Liliane de Massock, consultante culturelle pour la famille Decca (Grace, Dora, Ben et Isaac). «Il faut être réaliste lors des négociations avec toutes les parties prenantes du spectacle et savoir dire non et annuler le spectacle s’il le faut», confiait-elle au magazine Situations au lendemain du «Decca Show», en avril 2004.

Pour ses 30 ans de carrière de bassiste en avril 2010, Aladji Touré avait pour top sponsor, la compagnie de téléphonie mobile Mtn. Le bassiste a ainsi pu réunir la crème de la basse camerounaise. Toto Guillaume, Etienne Mbappè, Henri Dikonguè, Jean Dikoto Mandengue, étaient au rendez-vous. «Mais pour organiser un spectacle, le promoteur doit nécessairement compter sur ses fonds propres, car certains annonceurs sont insolvables. Ils ne respectent pas toujours leurs engagements, ou alors ils les tiennent tardivement», renseigne Jephté Talla, promoteur de Jft productions.
Ce dernier a d’ailleurs la charge d’organiser en décembre prochain, la 5ème édition des «Journées camerounaises de la musique» (Jcm), à Douala. Un évènement initié par Rtm event (groupe dirigé par la chanteuse Dinaly) qui engrangerait la bagatelle somme de 50.000 000 francs Cfa environ.

Monique Ngo Mayag

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