Nouvelle pénurie du gaz domestique à Yaoundé


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Feu de bois et réchauds à pétrole au secours des ménagères depuis un mois.
Lindovi Ndjio (Stagiaire)

Rond point express à Yaoundé, ce 5 mai 2008. Il est environ 14h. Liliane arrive à un point de vente de gaz domestique. L’air fatiguée, elle traîne péniblement une bouteille de gaz. " C’est depuis deux semaines que je suis à la recherche du gaz. Ce jour, j’ai déjà parcouru tout Biyem-Assi ; en suivant la rumeur". La jeune fille aura finalement son gaz ici, au prix officiel, 6.000F. Comme s’ils avaient appris la même information, de nombreux autres nécessiteux arrivent mais ne seront pas satisfaits puisque le commerçant n’a que Camgaz. Un homme gare son véhicule, ouvre le mâle arrière et sort une bouteille de marque Sctm. Juste le temps d’apprendre par un autre client que "ce n’est que Camgaz ici". Il propose d’acheter avec une autre bouteille de marque Mobil. Le commerçant lui répond que "depuis que Mobil est parti, il n’y a plus interchangeabilité avec Camgaz".

Presque le même scénario se répète à plusieurs autres points de vente de gaz domestique de la ville de Yaoundé. A l’observation, presque toutes les marques de gaz ont connu la pénurie, avec une situation plus grave chez les utilisateurs de la marque Sctm. "C’est depuis deux mois que je cherche le gaz. Parfois j’apprends qu’il y en a quelque part, mais à mon arrivée, il n’y en a plus", affirme Christian. Quant à Rosine, une ménagère du quartier Nsiméyong, "je n’ai pas le gaz depuis bientôt six mois, parce que les quelques rares fois que le gaz est revenu, j’ai constaté que ce n’est pas plein, parce que j’utilise généralement une bouteille en 5 ou 6 mois ; or depuis un temps, ça ne me fait pas plus de deux mois ". Aucun responsable du dépôt Sctm de Mvan n’ose parler à la presse.
Et puis "quand ça vient, ça coûte cher : 6.500F parfois ou même jusqu’à 7.500F et mon mari refuse d’acheter", ajoute Rosine. Ce qui semble pertinent d’autant plus qu’une étudiante du Cradat, un quartier estudiantin confie y avoir trouvé du gaz Sctm : "on n’expose pas ; quand tu arrives, on te dit d’abord qu’il n’yen a pas. Après il te propose une dernière bouteille qu’il avait déjà gardée pour lui-même, à 7500F. Si tu achètes et que tu es vigilante, tu verras qu’il va répéter la même chanson à beaucoup d’autres".

Dans la cour du dépôt Sctm de Mvan ce matin du 7 mai, on retrouve un tas de bouteilles chargées. Signe qu’il y a approvisionnement. Une petite foule de personnes est au courant et attend à l’extérieur. Un vigile veille à la porte et leur rappelle que "on ne vend pas en détails ici. Allez là-bas en bas, c’est là que vous serez servis". A cet endroit, il ne reste plus qu’une vingtaine de bouteilles. On vend au prix normal, mais le client qui n’a pas de "chapeau" sur leur bouteille, cette partie qui sert à la porter, vous n’êtes pas servis. Ou à défaut vous achetez le fameux chapeau entre 1000F (à un garçon en retrait) et 3.500F. Ce qui a révolté certains.
A en croire un des vendeurs, "quelqu’un est venu acheter une bouteille non protégée comme ça. Il a attaché sur sa moto. Arrivé à Damase, la bouteille s’est détachée et est tombée. Malheureusement, c’était près d’une échoppe de beignets. Ça a pris feu et on nous a porté plainte". Dans cette situation de pénurie et de surenchère, chez les Christian, "on a adopter le réchaud à pétrole depuis belle lurette". Quant à Rosine, elle s’est rétractée au feu de bois "depuis que mon mari n’achète plus le gaz".Et si cette dernière n’a fait que retrouver une ancienne méthode, sa voisine Nadège a de la peine à s’y adapter. Ainsi, le butane redevient un luxe pour le Camerounais.
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